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Comment bâtir un monde en couleurs là où il n’y en a pas ?
Comment choisir la bonne couleur là où il y en trop ?
Jutta Bauer et Anne Herbauts déploient leurs plus beaux atours. Et séduisent.
Le petit livre abrite La Reine des couleurs. Jutta Bauer brosse d’un trait simple une monarque impatiente qui appelle ses sujets un à un : le bleu, le rouge, le jaune. Elle est leur maîtresse, elle ordonne. Soudain inspirée, elle tente d’audacieux mélanges. Mais les couleurs lui échappent.
Jutta Bauer entame son récit de la pointe timide d’un crayon. Très vite les choses s’emballent, les couleurs éclatent, se battent, envahissent les pages, débordent. C’est le chaos. Le monde devient blafard. Quand, de dépit, la Reine pleure sur son royaume terni, ses larmes rincent doucement la grisaille. Elles coulent bleues, rouges, jaunes. En toute humilité la reine convoque les couleurs retrouvées autour d’elle. Alors la pointe du crayon dessine le bleu limpide du ciel, le soleil rougeoyant qui rebondit à l’horizon, les étoiles multicolores qui pétillent. La fête peut vraiment commencer.
Dans le grand livre se construit La Maison bleue. Anne Herbauts convie ses couleurs les plus profondes pour un récit majestueux dont elle a le secret.
Fraîchement arrivé dans un pays aux dimensions infinies, un homme se bâtit la maison idéale dans « un brasier de soleil, de pierre et de ciel ». Agacé par trois oiseaux qui se moquent de sa construction, l’homme peint sa maison en bleu et l’agrandi jusqu’à ce qu’elle devienne le ciel.
Les aplats éblouissants de Anne Herbauts sont si sensuels que l’on referme le livre du bout des doigts, émerveillé.
Jutta Bauer, La reine des couleurs, Autrement Jeunesse.
Anne Herbauts, La maison bleue, Casterman Jeunesse