La guerre des mondes
Il y a quelques années, des sociétés de développement créent une sorte de bibliothèque portative. Les plus inspirées réussissent un bel objet à l’ergonomie remarquable. Certaines maison d’édition, des plus importantes, s’associent prudemment à ces projets. L’objet s’améliore. Sa taille ne dépasse pas celle d’un livre. Le poids est réduit à quelques centaines de grammes. Outre le nombre impressionnant de titres qu’il contient (l’équivalent d’une bibliothèque familiale), l’objet offre images, films et sons, et pousse parfois le détail jusqu’à simuler la page que l’on tourne. C’est le « Livre électronique ». Imparable.
Dans « La guerre des mondes » de HG Wells, les invincibles envahisseurs exterminent toute vie humaine. Mais leur élan est cassé net grâce à un obstacle insignifiant, imprévisible et qui se révèle fatal : le virus de la grippe. Ils en meurent.
Le livre électronique, lui, succombe à cause de sa technologie. Les lecteurs y perdent le toucher du papier, son odeur, le confort du lettrage imprimé, et la présence physique du contenu. On s’attache à un livre, pas à un écran. Cependant, seul le support électronique peut contenir autant d’informations visuelles et sonores.
Des spécialistes du multimédia à vocation culturelle caressent l’idée de relier les deux supports, d’associer leurs avantages.
Grand projet. Je me joins à eux.
On nomme le futur « produit » livre multimédia.
Une dynamique de lecture
Pour la cohérence du livre multimédia, deux évidences s’imposent.
La forme de l’objet. Le support multimédia, en dvd, doit être physiquement présent. Sans trop bousculer le traditionnel « rectangle » du livre, il faut imaginer un objet visuellement hybride, reconnaissable au premier coup d’œil. Pas question de cacher le disque, ou d’apposer un sticker « avec un dvd ». Sur un présentoir de librairie, le livre multimédia doit affirmer sa spécificité. La démarche est délicate. Il suffit d’une erreur de conception graphique et les détaillants n’y verront ni un livre, ni un disque. On se met d’accord. Le livre multimédia prend forme. Sa silhouette devient le logo de LAMAC.
Le lien entre les supports. Malgré leur différence de contenu, livre et disque se complètent. Ils forment un tout. Nous apportons un soin tout particulier à la conception des premiers titres. Il s’agit de créer une dynamique de lecture entre les deux supports, avec une facilité de lecture optimale. C’est le but du livre multimédia. C’est ce qui, selon nous, apportera un plus sur le « marché culturel ». Ambitieux, en effet, mais en toute modestie, par passion.
Nouveaux horizons
Les idées ne manquent pas. Les titres potentiels s’accumulent, dans tous les genres. Point commun essentiel : la pertinence du projet.
Quelques sujets dont la structure a été développée :
Textes, croquis préparatoires et plans d’un architecte/montage des maquettes, visites des bâtiments en rapport.
Regard sur un théâtre, son fonctionnement aujourd’hui/visite des ateliers, des coulisses, extraits de représentations.
Catalogues d’exposition – Texte et photos/œuvres multimédias, visite guidée de l’exposition.
Histoire d’un instrument de musique/fabrication et concerts
Essai journalistique/illustration du texte (interview, archives, documentaires)
Deux exemples plus détaillés :
Une grosse de Daily-Bul
Panorama ludique du surréalisme par le mouvement Daily-Bul (Bury, Alechinsky, Topor,…). Ni musée, ni bibliothèque, c’est un espace où règnent le hasard, le jeu, l’aléatoire, le plaisir, l’inventif. Une bulle où les archives (textes, bandes sonores, dessins, peintures, sculptures, films, lectures divertissantes …) sont revisitées. Les textes et illustrations iconoclastes du livre, renvoient aux élucubrations animées du disque.
Autour de Monsieur, de Jean-Philippe Toussaint (non publié à ce jour).
Carnet de travail de l’écrivain/cinéaste, témoin du trajet créatif entre le roman « Monsieur » et le film homonyme. Les différentes étapes du scénario et les notes de tournage, parsemées de balises, conduisent aux documents filmés – casting, repérage, interviews, scènes en cours,… Une plongée interactive dans l’intimité créative de Jean-Philippe Toussaint.