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KOD - l’aventure dramaturgique

3 . Assemblage des pièces

La pièce où nous nous réunissons, Isabella et moi, comporte une grande table en bois sur laquelle nous avons l’habitude d’étaler les documents sujets à discussion. Derrière nous, la lumière entre à flots par une baie vitrée avec vue sur le jardin. Même par ciel plombé, notre lieu de travail est lumineux. Shakespeare appartient à tout le monde, dit-on. Nous avons malaxé le Hamlet original, aux inépuisables interprétations, pour donner corps à KOD, le célèbre « kiss of death » offert par un parrain de la maffia à un membre de sa « famille » qui a trahi les siens. Ce baiser est une sentence de mort.

KOD contorsionTout est là, dans le titre. Finis les éléments de recherche, images, textes et musique, qui recouvrent le grand plateau de la table et une partie du plancher. Les documents entrent dans une farde, la phase de travail précédant les répétitions s’achève. Nous avons soigneusement sélectionné des textes, provenant de Hamlet, bien sûr, mais également des films précités ; quelques phrases précises, emblématiques de la situation sur scène. Dans la bouche de Hamlet, Claudius, Gertrude, Polonius, Laërte et Ophélie, dont on a abandonné les noms, et qui, selon les besoins de la mise en scène, sont diversement interprétés par l’un ou l’autre acteur/danseur ; dans leur bouche, donc, au cours d’une seule scène, on reconnaîtra par exemple des mots de Hamlet, de Brother, de Mulholland Drive, de Taxi Driver, dont l’assemblage entrelacé provoque un choc émotionnel. Car cette « construction déstructurée », capte l’essence de l’émotion. Le parti-pris d’Isabella Soupart de « déconstruire », de refuser toute narration, prend ici tout son sens.

Cette aventure dramaturgique me mène à une autre. Hamlet devient Un vent de Nord-Nord-Ouest, scénario de bande dessinée écrit dans la foulée de KOD.